L’autre jour, en sortant de chez Calvett’, je repensais aux propos du patron de cette pinte qui va bientôt fermer, pour toujours, murmure en moi une voix d’enfant. Sans nostalgie ni amertume, il me disait que les temps changent et que des cafés comme le sien sont remplacés par d’autres lieux qui correspondent à d’autres besoins.
Cheminant dans les rues du centre, je m’imaginais entendre des sirènes d’usines libérant leurs travailleurs pour quelques heures, croiser des flots d’ouvriers faisant une crochet par les bistrots avant de rentrer chez eux. Comme sur de vieilles cartes postales, je voyais l’usine Maillefer à la place de la Migros, l’usine Tesa à la place de la poste et les ateliers Matisa en face du Lumen.
Ma rêverie a brutalement été interrompue par cette vision, et c’est presque à voix haute que je me suis exclamé: tu as raison Patrick, les temps changent!
Les temps ne changent pas, me rétorque quelqu’un, M* ne vend pas ce genre de jus!
Plutôt que de lui répondre, je me dirige vers D*, propriété de M*, afin d’acheter de quoi oublier tout ça.