Arpenter l’Ouest

Balades en zigzag dans un territoire industriel (2)

Odeur café, que j’aime ton odeur café! (à chanter sur un air connu)

A qui s’adresse cette ode? me demande une lectrice par-dessus mon épaule.

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L’immeuble de la rue de la Mèbre 1 apparaît sur la carte topographique de 1945

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Rivage de la Mèbre

Mais à la rue de la Mèbre voyons! Cette rue qui exhale depuis toujours l’enivrante odeur du café rôti.

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Profession docker torréfacteur

Sous l’asphalte coule la Mèbre, rivière au bord de laquelle nous cheminions tantôt. Depuis le milieu des années vingt, la Mèbre est corsetée de pierre -aucun lien avec l’usine IRIL, qui n’existait pas encore mais dont nous reparlerons- et passe sous la rue à laquelle elle a donné son nom. Et le long de l’asphalte, il y a encore quelques artisans.

La Mèbre coule vers le sud, mais je me plais à croire qu’elle est ici un estuaire et que flux et reflux en inversent quotidiennement le cours. Après tout, la rue qui l’emprisonne relie la Place du Marché à la gare et voit descendre des flots de piétons tous les matins, tandis qu’ils remontent le soir. N’est-ce pas là la définition d’une marée? Et puis il y a cette odeur qui donne son caractère au lieu depuis des décennies. Comme les piétons, mais au gré des vents, tantôt elle inonde la gare, tantôt elle reflue vers la Place du Marché.

La Mèbre est donc ici estuaire, et tout naturellement des sacs de café y accostent. Depuis 1966, Pappy John et les siens torréfient ce café puis le vendent. Avant eux c’était la famille Girard-Théraulaz. L’affaire a pris peu à peu de l’ampleur et depuis 1975 il y a une succursale à Chailly. Les vieux Chaillérans disent qu’à l’époque trois commerces faisaient monter le monde à Chailly: la confiserie Mojonnier, la boucherie Neyroud et Pappy John.

Un commerce à Renens et un autre à Chailly, voilà de quoi bien occuper le patron, sa femme et leurs deux filles. Mais aujourd’hui le petit-fils est seul et la rue de la Mèbre sera bientôt un peu orpheline. Le commerce de Chailly va perdurer, mais on ne peut y pratiquer l’art du rôtissage. L’antique torréfacteur va donc être installé dans une ferme lointaine, faute de loyer commercial abordable dans la région.

Amateurs de bonnes  choses, écoutez la philosophie de celui qui a été formé par son grand-père et régalez-vous de ces grains qui tournent, rôtissent et crépitent avant d’être refroidis et moulus. Si ce long résumé sonore d’un bel après-midi vous ennuie déjà, courez boire un café dans un gobelet en carton, c’est juste derrière, à la rue de Crissier. Pour écouter c’est ici!

 

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