Arpenter l’Ouest

Renens, rue de l’Avenir

 

 

Renens_rue_Avenir_carteN’étant pas ornithologue, j’avance cette affirmation sur la pointe des pieds : les grues cendrées ne font jamais halte à Renens.

Les autres, celles que tout le monde reconnaît facilement grâce à leurs barres jaunes ou rouges, ont tendance à prendre racine, saison de la densification oblige.

Non loin du centre de Renens, une opération de densification est en cours: six bâtiments d’habitation (neuf logements en tout), avec jardins, poulaillers et clapiers vont bientôt faire place à un immeuble en L comportant plus de huitante logements. Nous reviendrons sur ce sujet plus en détails dans une série d’articles intitulée ça fait quels bruits des maisons qui tombent ?

Si le principe même de la densification urbaine ne fait plus guère débat aujourd’hui, de nombreux acteurs et usagers de la ville posent à juste titre des questions que d’autres ne veulent pas entendre : densifier comment ? densifier pour qui ?

Dans le cas qui nous occupe, il est notamment question de logements pour étudiants; voilà de quoi calmer les questions dérangeantes. Ou pas.

Sur la base de la lecture de la carte ci-dessus (cliquez sur celle-ci pour l’agrandir) et de quelques éléments de contexte du quartier, faisons des hypothèses sur les futurs locataires du L, rue de l’Avenir 20, 22, 24 et avenue de Saugiaz 1, 3,5, ou plutôt sur les loyers.

Le quartier est assez calme et plutôt verdoyant, les arrêts de bus sont quasiment aux portes de l’immeuble, on en trouve d’autres sur l’avenue du 14 Avril, la gare CFF et le TSOL sont à dix minutes à pied. Garderie et écoles sont proches, administration et salle de spectacle à un jet de pierre, le quartier a quelques commerces et établissements publics et la place du Marché -appelée par certains place des Supermarchés (orange, orange et rouge)- n’est guère loin. Cerise sur le gâteau, ou plutôt sous, il y aura un parking souterrain.

Sachant qu’ à environ cinq cent mètres à vol d’oiseau des studios flambant neufs seront bientôt loués environ 1300.- par mois, on peut se dire que les loyers du L ne seront pas à la portée de toutes les bourses.

Nous voici donc face à l’une des grandes questions posées par la densification: quels loyers, pour qui ?

Longtemps le terme de gentrification -embourgeoisement en français- n’était connu que des spécialistes, sociologues, géographes ou autres acteurs de la ville. Aujourd’hui il est bien connu du grand public. Les medias font souvent état de ces quartiers qui se vident peu à peu de leurs habitants des classes populaires, chassés par des rénovations luxueuses ou de grands projets immobiliers. A Lausanne, à Berlin et dans bien d’autres villes encore des gens se mobilisent et manifestent pour tenter de sauver des quartiers populaires de l’avancée des bobos.

IMG_3442A Renens et dans l’Ouest lausannois, depuis l’arrivée du train et de l’industrie, il y a plus de cent cinquante ans, la population est ouvrière avec une forte composante d’immigrés, de l’intérieur et de l’étranger: des Fribourgeois et des Italiens d’abord, puis des Espagnols, des Portugais, des ressortissants des Balkans, sans oublier tous ceux qui viennent des autres continents. Si en 2014 l’industrie a largement quitté l’Ouest lausannois, la population qui occupe des emplois peu rétribués est toujours très présente. La question des loyers est donc très sensible dans cette zone de l’agglomération lausannoise. Affaire à suivre. Et nous le ferons régulièrement dans cette rubrique le devenir d’un territoire.

Quelqu’un me demande si la présence de la paroisse catholique au milieu de la rue de l’Avenir est de nature à rassurer quant à l’évolution des loyers dans la région. J’élude la question en précisant que l’adresse de la paroisse est rue de l’Eglise Catholique 2B, une rue qui forme un angle droit avec la rue de l’Avenir.

 

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