Arpenter l’Ouest

Nouvelles de l’Est

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1913 Saillon, dimanche 15 mars 2015, 9h

– Le Valais a bien changé ! déplorent à grand bruit deux pèlerins qui passent par là pour aller à Ecône.

Un type qui marche avec un chien les entend et s’esclaffe :

– Ils n’ont visiblement pas encore lu le sermon du week-end ! (pages 3 et 7)

– Pourquoi cette insulte a-t-elle été taguée ici ? demande le chien. Normalement on tague ce genre de chose sur le territoire de l’autre, pas sur son propre territoire. Mais on est bien à Saillon ici ?

– Absolument, 1913 Saillon ! répond le type tout fier (de lui, et du chien).

– Alors c’est bien vrai, enchaîne le chien, le Valais c’est pas comme ailleurs ?

– C’est pas faut, répond le type -qui apparemment a pour fonction maître-, mais ici, comme sur tous les territoires que nous arpentons, il faut aussi ramasser tes crottes, et comme d’habitude, c’est moi qui m’y colle…

– Sauf au jardin ! se croit obligé d’ajouter le chien.

– Le seul endroit où tu ne te lâches pas, en somme !

Fully_Rasta_3– Je serais bien bête de souiller mon propre territoire !

– Tu veux dire le nôtre ! rectifie le type.

Au loin un clocher sonne, mais le ciel reste voilé.

Chemin faisant, le type se dit que la vérité est peut-être ailleurs. Et si ce tag n’était pas une insulte ? Sa présence pourrait donc avoir une autre explication, plus complexe ? Après tout, se dit-il, le chien lève bien sa patte aux quatre coins de notre territoire, et même s’il n’y a pas défécation -et encore moins défection- il y a souillure. Souiller pour s’approprier ? Le type médite et se souvient brusquement de deux articles (1 et 2) dont lui a récemment parlé un marin d’eau douce. Ces deux articles passionnants lui rappellent un livre fort intéressant écrit par un ancien officier de marine qui enseigne la philosophie au bord du Pacifique.

On n’entend plus de cloche, et le voile se déchire enfin.

 

 

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