Rien ne se perd!
Si 1538,461538 tuiles = 1 brique et qu’une brique vaut mille francs suisses, une tuile vaut alors 65 centimes.
C’est donc parce qu’elles ont une valeur marchande que ces tuiles sont soigneusement disposées sur ces palettes plutôt que jetées pêle-mêle dans une benne. Leur valeur historique n’a rien à voir avec leur sort, pourtant elles ont été cuites en 1914.
Aujourd’hui, sous nos latitudes en tout cas, une maison qui tombe ne produit plus ce bruit caractéristique des tuiles en terre cuite qui s’entrechoquent et se brisent. On les entend à peine glisser les unes contre les autres. Imaginez la scène: un toit sur lequel est juché un ouvrier, une à une il démonte les tuiles et les fait glisser jusqu’au pied de la maison sur une sorte de gouttière métallique flexible. Au pied de la maison, la gouttière aboutit dans une brouette remplie de sable pour amortir la chute. Sur la brouette, un ouvrier assis à califourchon réceptionne les tuiles et les passe à son voisin qui les range soigneusement sur une palette. De temps en temps une tuile abîmée est jetée de côté, sur un petit tas.
Et si une dame qui sort de son immeuble doit passer sous la gouttière? On prend une petite pause, le temps d’admirer sa démarche. Maintenant que vous visualisez la scène, écoutez-la!
P.S.
Il n’y aura pas de récompense pour le lecteur qui me communiquera le nombre exact de tuiles rangées sur les trois palettes ci-dessus.
Si vous voulez voir, revoir ou dire au-revoir à ces maisons, faites-le avant mardi 23 septembre, car à cette date, dès sept heures, bulldozers et camions seront d’attaque.