Ce soir, à l’heure du chien, il fait nuit. Ah oui, c’est vrai, l’heure d’hiver…
Au-dessus des toits, un gros pois jaune nous fait de l’oeil, il trône dans des losanges blancs dessinés par des avions. Ce ciel en habits d’Arlequin annonce une balade joyeuse.
Par instant, le pois se fait lampe de poche pour éclairer une racine en travers du sentier. Au lieu de le remercier, on lui crie: « Tu crois que nos pieds ne connaissent plus le chemin?! »
Plus loin, un rayon se glisse entre un arbre et un pylône et allume quelque chose de cynique dans l’oeil de Nestor. Son regard semble me dire : « Allez, rentre seul, moi je reste dans ce bois, cette nuit je couche avec la lune! » Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel mais, à ma grande surprise, la lune a rosi. Une manière comme une autre d’acquiescer. Alors je rentre seul. Bonne camarade, la lune m’indique la direction de mon toit. Ingrat je lui gueule: « Tu crois que mes pieds ne connaissent plus le chemin?! »
Plus tard, dans ma cuisine, je lape tristement ma soupe aux pois. Mais je retrouve ma joie en réalisant que la lune sera bientôt pleine.