Ces derniers temps, Nestor est régulièrement de mauvais poil quand je rentre du boulot. Mais cela ne dure pas. Le bruit de la laisse que je décroche du mur suffit à lui rendre sa bonne humeur. Sans se lasser, il me regarde changer de chaussures, et puis on part arpenter le bitume, puis l’humus et à nouveau le bitume.
Tout à l’heure, en rentrant de la gare, j’ai vu ce mot de Serges. Je l’ai aussitôt montré à Nestor et je lui ai dit :
– J’aimerais bien savoir qui est ce Serges !
– Je ne veux pas le savoir ! rétorque Nestor.
Craignant l’escalade, je me hâte d’agiter la laisse et de lacer mes chaussures devant un Nestor qui semble las. Début de balade en demie-teinte et entre chien et loup; contrairement à son habitude, Nestor ne file pas devant, il rôde dans mon dos en maugréant « Je me demande bien pourquoi certains ont un chien… »
