Arpenter l’Ouest

Amnésie industrielle

J’arpente l’Ouest lausannois depuis des années et je constate avec dépit que la mémoire industrielle s’en va au fur et à mesure des fermetures d’usines. Hormis un petit panneau apposé sur la Maison du Peuple de Renens, à la rue de Crissier, bien peu d’éléments rappellent le passé industriel, et on semble plus fier de l’ECAL que des lieux industriels encore en activité.

IMG_4447

Ce que je n’hésite pas à qualifier d’amnésie industrielle m’a encore récemment frappé, lors des Design Days qui ont eu lieu à Renens fin septembre. Ni amateur de design, ni connaisseur en la matière, j’ai profité de l’occasion offerte au public d’entrer dans trois anciennes usines de l’Ouest lausannois.

L’ancienne usine IRIL

IMG_4068 IMG_4069L’usine IRIL est devenue l’ECAL et abrite également une unité de l’EPFL de même que les Ateliers de la Ville de Renens, destinés à de jeunes entreprises.

Le site internet de l’ECAL et celui des Ateliers de la Ville de Renens ne disent rien de l’ancienne IRIL. Sur le premier on peut lire que l’ECAL est venue sur le site d’une ancienne usine, mais le nom de Pierre Keller apparaît dans la première phrase. (http://www.ecal.ch/fr/1026/ecal/fondation-ecal-). Sur le second, on peut lire que les Ateliers sont aménagés dans une ancienne usine. (http://www.ateliersvdr.ch/)

A l’extérieur de l’ECAL, la seule marque du passé est la résille qui recouvre la façade d’entrée. Elle est l’oeuvre de Bernard Tschumi, architecte qui a dirigé la transformation du site. Cette résille rappelle qu’ici on fabriquait des bas nylon, ainsi que d’autres vêtements. Mais lorsque l’on questionne les passants, les visiteurs des Design Days ou les étudiants, pratiquement personne ne sait de quoi il s’agit. Une réponse qui revient souvent est la suivante: « C’est un élément de design pour marquer que l’on est dans une école de design… » Cet élément de mémoire industrielle, très réussi selon moi, n’est donc compris que d’une minorité. Il faut aller sur le site internet de Bernard Tschumi pour apprendre quelques éléments de l’histoire d’IRIL, mais il faut choisir la version anglaise du texte, car la version française est très différente, comme si le texte postulait qu’en Suisse romande tout un chacun connaît l’histoire de ce lieu. (http://www.tschumi.com/projects/4/)

A l’intérieur de l’ECAL un auditoire a été nommé IRIL, juste en face de l’auditoire IKEA. C’est quoi IRIL demande quelqu’un? Mais c’est le nom d’un siège design du géant suédois, mon cher!

Fabrique d’articles en métal, Renens SA

IMG_4174 IMG_4062Cette ancienne fabrique abrite une partie des Ateliers de la Ville de Renens. Ici, le passant ou le visiteur sait dans quel type de bâtiment il entre, c’est écrit sur la façade. Et à l’intérieur, l’espace est resté brut, seule les machines ont disparu.

 

 

 

 

 

 

 

Les anciens ateliers Mayer & Soutter

La brochure distribuée au visiteur des Design Days et le site internet de l’événement (http://www.designdays.ch/informations/edito-2013) parlent un peu de l’architecture du bâtiment, évoquent le tissu industriel de la région mais ne disent rien de plus de ce lieu. Pourtant, il fut longtemps connu loin à la ronde pour ses activités de dorure et de reliure industrielle.

Dans ces murs, j’ai un peu regardé le design, mais j’ai beaucoup regardé les traces du passé. Les photos ci-dessous en sont le reflet.

En conclusion, il me semble que les trois principaux sites des Design Days illustrent bien cette amnésie industrielle. Que faisait-on chez IRIL, à la Fabrique d’articles en métal, chez Mayer & Soutter et ailleurs? Qui le faisait? Comment? Jusqu’à quand?

On trouvera bientôt sur ce blog des balades et des portraits en lien avec l’industrie disparue, mais aussi en lien avec l’industrie qui subsiste encore. Ne tuons pas le tissu industriel avant que les promoteurs aient acheté tous les terrains!

Dès la semaine prochaine, nous entamerons une série de balades en zigzag dans ce territoire industriel.

2 comments for “Amnésie industrielle

Répondre à nicolas Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *